Du modèle des habitudes à l’intelligence coopérative

La lecture du très inspirant « Alliance thérapeutique et Thérapies brèves – Le modèle de Bruges » de Luc Isebaert avec Marie-Christine Cabié et Hélène Delluci m’a amené à présenter une conférence (le modèle de Ker-Bruges) et à rédiger deux articles sur le modèle des 4 types de relations :

Dans cet article, je présente le modèle des habitudes utilisé dans le modèle de Bruges, ainsi qu’une réflexion sur son extension à un collectif à fin de soutenir l’intelligence coopérative.

Changer ? Développer des habitudes préférées

Le modèle de Bruges propose le modèle des habitudes pour soutenir le changement.

Schématiquement, nos problèmes se développent à partir d’interactions dérangeantes avec la réalité : nos habitudes ne parviennent pas à résoudre une difficulté. Comme dit un proverbe :

« Quand tout va mal,
regarde-toi dans le miroir »
proverbe

Mais ces habitudes, nous les avons justement développées pour ne plus avoir à choisir consciemment, pour ne pas avoir à réfléchir, par une nécessaire économie vitale. Pas évident du coup de désactiver ces automatismes qui ont leur utilité…

Il s’agit alors d’accompagner nos clients à développer des habitudes préférées pour remplacer des habitudes existantes, mais sources de problèmes.

Le modèle de Bruges décrit l’accompagnement comme la création d’un contexte dans lequel les clients pourront se construire une vie meilleure en développant des habitudes plus satisfaisantes.

Le modèle des habitudes

Mais qu’est-ce qu’une habitude ?

Les auteurs proposent une structure des habitudes en remontant à une description par Aristote qui a été reprise dans différentes approches dont celle de Bandura en 1969. Une seule entité, l’habitude, peut être observée à partir de trois points de vue différents :

De l’intelligence collective à l’intelligence coopérative

Dans un milieu professionnel où se combinent pression du temps et turbulences de l’environnement, il est de plus en plus souligné l’importance de l’intelligence émotionnelle dans les compétences nécessaires à la performance.

Les anglo-saxons parlent d’EQ ou Quotient émotionnel pour évaluer l’intelligence émotionnelle d’un individu. Par extension, ils utilisent le terme WeQ pour désigner le quotient émotionnel d’une équipe, participant à son intelligence collective.

En étendant à un collectif le modèle des habitudes présenté plus haut , je propose 3 pistes de développement de ce que je nomme l’intelligence coopérative d’un groupe, c-à-d sa capacité à mobiliser son intelligence collective au service d’une œuvre commune.

Intelligence coopérative :

capacité à mobiliser l’intelligence collective d’une équipe au service d’une œuvre commune

Le modèle de l’intelligence coopérative

Le développement de l’intelligence coopérative s’effectue au sein d’un contexte spécifique, en tenant compte de ses contraintes, et comprend trois dimensions :

la dimension émotionnelle (ce que l’équipe ressent, par exemple son indice de sécurité psychologique, cf. les travaux d’Amy Edmondson et le projet Aristote chez Google)
la dimension comportementale, comment l’équipe agit pour produire de la valeur dans l’incertitude ( ce que l’on peut nommer « agilité »)
la dimension cognitive, ce que l’équipe partage comme valeurs, comme croyances-principe, comme modèles mentaux…

Illustration : les sujets d’Agile Niort 2022

Voici un exemple de ce modèle illustré par une cartographie des sujets présentés lors de la conférence Agile Niort 2022 : chaque sujet est affecté à une dimension du modèle.

Au service de la résilience

Il s’agit d’adopter une démarche de co-construction d’un accompagnement basé sur l’Alliance, se déclinant sur les trois dimensions de l’intelligence coopérative, afin de développer et d’entretenir la capacité de résilience du collectif, c-à-d :