Mon collègue Jérôme Urvoas a présenté « le jeu de l’oie systémique » à Agile Games 2023 :
Voir son post LinkedIn : https://www.linkedin.com/posts/jeromeurvoas_agile-games-agiles-activity-7048877163562815489-tqs8
Les objets flottants
Je complète sa présentation pour les personnes intéressées.
je vous partage des informations exposées par François Balta dans les documents qu’il fournit au fil de ses Groupes de Perfectionnement Systémiques (GPS) (http://www.frbalta.fr/) et dont je fais partie depuis quelques années.
Le thème de 2021 était « Jean-Paul MUGNIER, la bientraitance en thérapie familiale » et le document #08 traitait des « objets flottants« , cf. http://www.frbalta.fr/pdf/GPS-2021-08.pdf :
Y. Rey définit l’objet flottant comme « un rituel thérapeutique qui ouvre un espace de liberté entre consultant et intervenant » instaurant « une relation qui ne soit ni fusionnelle, ni compétitive ou complémentaire rigide. »
Chacun de ces « objets flottants » est tout à la fois un « objet concept », « objet expérience », « objet esthétique » et « objet narratif ». Leur « finalité n’est autre que d’ouvrir des champs du possible, de susciter un changement de perspective et de vécu sans que le nouvel état obtenu ne soit prévisible… ».
Quelques bénéfices des objets flottants exposés par Florence Calici (cf. bibliographie en fin d’article) :
« Les objets flottants sont à l’intersection du « play » (activité créatrice libre) et du « game » (jeu structuré, jeu de règles), dans ce sens qu’ils comportent un cadre fait de règles peu nombreuses mais strictes. Ce cadre, s’il a des aspects contraignants, tant pour les patients que pour le thérapeute, est rassurant et sécurisant car il limite les débordements, il offre un contenant (« holding » de D. Winnicott, 1971) à la créativité qui peut donc librement se déployer.
Ils constituent des supports pour échanger les visions du monde et les vécus des membres de la famille et coconstruire de nouvelles réalités. »
Le jeu de l’oie
Voici un extrait du document de François sur le jeu de l’oie systémique :
Le jeu de l’oie systémique a été créé par un groupe de thérapeutes du C.E.R.A.S (Centre d’Études et de Recherche sur l’Approche Systémique, à Grenoble) supervisés par Yveline Rey. J’en reprends ici une description détaillée empruntée à Jean-Paul Mugnier :
« Le Jeu de l’oie systémique se présente sous la forme d’un plateau constitué de douze cases : une case départ et une case arrivée entre lesquelles se trouvent dix cases blanches. La première consigne est la suivante : vous devez sélectionner, en vous mettant d’accord, les dix évènements les plus importants qui ont marqué l’histoire de votre famille.
Une fois cette première consigne effectuée, ce qui peut prendre plusieurs séances, sept cartes symboliques sont présentées à la famille, toutes porteuses d’un double sens :
– L’oie : symbole du dynamisme, elle permet de progresser dans l’existence mais fait courir le risque d’aller trop vite et de passer à côté de choses importantes, de manquer de temps pour assimiler ce qui arrive.
– Le pont : il relie des territoires qui seraient sinon restés étrangers, mais crée des possibilités d’invasion voire d’agressions.
– Le puits : il permet de se ressourcer pour poursuivre son chemin, mais peut également symboliser une descente sans fond, le désespoir.
– Le labyrinthe : c’est un endroit étrange que l’on doit explorer pour en trouver l’issue quitte parfois à se sentir stupide. Cependant, une fois trouvé le bon chemin, on se sent différent avec l’impression d’avoir appris sur soi-même.
– L’hôtel : havre de repos, de détente, il donne le temps de la réflexion, de la récupération, mais c’est aussi un lieu où rien n’arrive, où l’on risque de s’ennuyer, de passer à côté de choses intéressantes.
– La prison : c’est un abri qui protège de soi-même et des dangers extérieurs, mais le prix à payer est la stagnation, la retenue en attendant d’être libéré.
– La mort : fin définitive de quelque chose, d’une souffrance ou d’une expérience heureuse, la mort laisse la place à une vie nouvelle, à une renaissance possible.
Chacun doit, pour chaque évènement, choisir une carte en précisant les raisons de son choix. Si tous devaient se mettre d’accord pour la sélection des évènements, ils peuvent en revanche choisir des cartes différentes.
Enfin la dernière étape concerne les cases départ et arrivée. Il est alors demandé à chacun de dire ce qui selon lui précédait l’évènement numéro un et comment il imagine la suite de l’histoire. »
Crabgraphic, une boutique en ligne de Liège (haut-lieu de la thérapie systémique) propose plusieurs très jolies versions de ce jeu : https://www.crabgraphic.com/produit/jeu-de-loie-cendree-systemique/
Bibliographie
Philippe Caillé, Yveline Rey. Les objets flottants. Méthodes d’entretien systémiques. Fabert, 6ème édition, 2017 (2004) (1ère édition : ESF Les objets flottants, au-delà de la parole en thérapie systémique, 1994)
Yvelyne Rey, Marie-Thérèse Colpin., Le jeu de l’oie dans tous ses états, Fabert, 2014.
- Intérêt de l’utilisation des objets flottants dans l’approche des pans les plus douloureux de l’histoire des patients et de leur famille [1]
- Florence Calicis
- Dans Thérapie Familiale 2006/4 (Vol. 27), pages 339 à 359
https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2006-4-page-339.htm
- Les objets flottants en formation systémique : contribution au développement personnel et professionnel du futur thérapeute
- Nicole Sprocq-Demarcq, Yveline Rey
- Dans Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseaux 2008/2 (n° 41), pages 69 à 80
https://www.cairn.info/revue-cahiers-critiques-de-therapie-familiale-2008-2-page-69.htm
Christophe Keromen Transformation Inspirante 