Bateson, langage, eskimos et autres sucreries

Actuellement en formation à l’Institut Gregory Bateson, je suis en relecture du cours sur « Les fondements du questionnement stratégique ».

Je saisis l’opportunité de dire que je suis globalement très content de cette formation et curieux des applications que j’effectuerai en coaching individuel et en entreprise.

Je souhaite partager avec vous une digression de ce matin…

Eskimo ou Esquimau ?

Extrait du cours  :

« le langage découpe notre réalité selon la culture dans laquelle nous grandissons (les esquimaux ont plus d’une centaine de manière de nommer la neige, texture, aquosité…) »

Toujours alerté par les exemples « tartàlacrem » et renforcé dans cette attitude par la lecture de l’éminent Laurent Bossavit, je ne peux m’empêcher de creuser un peu les références automatiques que je rencontre…

En fait, la phrase même « les esquimaux ont plus d’une centaine de manière de nommer la neige » n’a de sens que dans notre langage !

C’est ce qu’explique plusieurs sources sur le Web dont celle-ci : Combien de mots Esquimaux pour la neige ?

C’est même le sujet d’un livre de 1991 de Geoffrey Pullman sur le langage (*) : 

si on pose une question aussi vague que « combien de mots esquimaux existent pour exprimer la neige ? » on va tout droit au devant de problèmes majeurs non seulement par le simple fait de ne pas pouvoir déterminer avec précision la réponse à la question « combien ? » mais aussi comment interpréter les termes « Esquimau », « mots » et « pour ‘neige’ « , étant tous problématiques. « 

Anthony Woodbury de l’Université du Texas à Austin

C’est quoi un mot ?

« Les mots attirent l’attention sur certains types d’expériences ou certains aspects de nos expériences. Ex : Arc-en-ciel ou rainbow« 

En fait, la question des mots de la neige et des eskimos est encore plus subtile, puisqu’elle nous renvoie à questionner la manière même de se poser la question ! Ce qui, au final, va tout à fait dans le sens du cours et des travaux de Gregory Bateson

« le langage découpe notre réalité selon la culture dans laquelle nous grandissons.« 

C’est ce qu’illustre également cette référence à la tribu amérindienne des pieds-noirs :

 « Blackfeet cannot describe things (no nouns) can only describe processes, change » (cf. F. David Peat).

Il faudrait peut-être s’intéresser à embaucher des Blackfeet comme agent du changement !

Pour aller plus loin :

(*) The Great Eskimo Vocabulary Hoax & Other Irreverent Essays on the Study of Language

Does Our Language Restrict What and How We Think?

Blackfoot Physics and European Minds

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