Dans l’article précédent, « Accompagner les accompagnants ? 1 – un besoin ! « , j’ai expliqué pourquoi la spécificité des accompagnants, qui sont leur propre outil de travail, entraîne différents types de difficultés qui les amènent à avoir eux-mêmes besoin d’un accompagnement pour rester professionnel, selon les mots de Philippe Bigot.
Dans cette suite, je propose la supervision comme un espace privilégié pour cet accompagnement des accompagnants…
Supervision : une solution pour les accompagnants ?
Les contributions de Denis Bismuth et Philippe Bigot, citées dans l’article précédent, se trouvent dans le même ouvrage : “Le grand livre de la supervision” – ed. Eyrolles (2019), 2nde édition d’un recueil initialement paru en 2010.
La supervision y est proposée comme dispositif d’accompagnement des accompagnants, espace de confiance et de sécurité pour travailler “l’outil/soi” des accompagnants.
Supervision : un terme flou pour une activité méconnue
Le terme de supervision est mal connu en France et suscite différentes interprétations suivant les contextes.
Qu’est-ce que la supervision ? Une fonction de contrôleur, associée à des procédures dont il s’agirait de contrôler la bonne exécution ? Le Larousse retient ainsi la fonction de “Contrôler la réalisation d’un travail accompli par d’autres”.
Le Web (https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/supervision/ ) nous retourne d’autres définitions qui restent sur l’idée de contrôle, de suivi :
- Sens 1
- Action de superviser, c’est-à-dire d‘exercer un contrôle, d‘effectuer une vérification sur l‘activité ou le travail d‘une ou plusieurs personnes.
- Sens 2
- Technique, méthode de pilotage et de suivi informatique des procédés de fabrication qui ont été automatisés.
Dans le sens 1, l’aspect de supervision d’équipe est également évoqué. Sans forcément de pouvoir hiérarchique sur chaque membre, il s’agit néanmoins de veiller à ce que le groupe fonctionne au mieux.
Le sens de surveillance prédomine également pour les anglo-saxons. Le Cambridge décrit “the act of watching a person or activity and making certain that everything is done correctly, safely, etc.:”. Mais co-existe dans le monde de l’entreprise, la notion de manager : “the activity of managing a department, project, etc. and of making sure that things are done correctly and according to the rules”.
La Supervision des accompagnants
Pour les thérapeutes, les travailleurs sociaux, les psychanalystes, c’est tout autre chose. Il s’agit d’une pratique usuelle, encadrant et protégeant à la fois le professionnel et ses clients ou patients.
Dans le même esprit, pour les coachs, il s’agit d’une obligation mentionnée dans la déontologie des associations professionnelles.
“l’EMCC estime qu’une heure de supervision des coachs/mentors est nécessaire pour 35 heures de pratique, avec un minimum de quatre heures par an réparties régulièrement sur l’année de préférence.”
https://www.emccfrance.org/supervision-coachs-france/
Se référer pour un historique à « La supervision en France : Origine – Développement – Situation de nos jours » .
Schématiquement, on peut dire que la supervision des accompagnants a commencé après-guerre pour répondre aux besoins des travailleurs sociaux. Elle s’est ensuite élaborée chez les psychanalystes, puis les thérapeutes avant de devenir une obligation pour les coaches professionnels (voir par ex. la déontologie EMCC ).
Supervision des dirigeants
« Leadership and learning are indispensable to each other.«
John F. Kennedy
La supervision semble concerner de plus en plus de dirigeants sous l’appellation anglo-saxonne d « Executive Reflection », cf. Michel Moral : https://www.linkedin.com/in/michel-moral-msc-phd-8a86425/.
Ce dernier a matérialisé le sujet de cet article en compléant le titre de la 2ème édition de l’ouvrage co-écrit avec Florence Lamy : “Les outils de la supervision” par la mention “dans les métiers de l’accompagnement”.

Une fonction : la supervision, des applications différentes suivant les professions
Peut-être faudrait-il changer de nom pour répondre à de nouveaux besoins, tant on le voit, “supervision” évoque des activités très différentes suivant les personnes ?
Martine Volle, auteure de « La bible de la supervision de coaching », décrit ainsi la supervision :
« La démarche de supervision permet, sous le regard d’un animateur, d’analyser une situation professionnelle, de soumettre des hypothèses afin de pouvoir réinvestir ce qui a été appris, de faire des choix de mise en œuvre de pratiques, de modifier la qualité de ses actions ultérieures et de retrouver des marges de manœuvre dans le travail. »
Martine Volle

Vous pouvez consulter mon article “C’est quoi la supervision” pour une description de l’espace de supervision illustrée par le schéma ci-dessous…
Il me semble que le cœur de la démarche de supervision, telle qu’évoquée par Michel Moral / Florence Lamy et Martine Volle, peut correspondre aux besoins des professionnels qui sont leur propre outil de travail. La supervision leur offrant un espace à la fois de confiance et de confidentialité permettant un indispensable “travail sur l’outil/soi”. Cet accompagnement d’accompagnant permet ainsi, comme l’évoque Philippe Bigot, de devenir un meilleur professionnel :
Elle doit permettre au praticien d’engager une démarche réflexive reliant son désir de devenir accompagnant aux pratiques qui sont les siennes en situation. (…) Elle favorise un travail sur soi qui incite le praticien à élaborer ses pratiques, à transformer progressivement ce qui soutient sa posture, en particulier son désir.
Philippe Bigot
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Pour plus d’informations sur mon offre de supervision :
- La page dédiée sur ce site;
- l’article « C’est quoi la supervision ?«
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