Ce texte propose quelques critères pour repérer le type de situation dans lesquelles l’approche du CMS peut être particulièrement pertinente.
Il s’agit par exemple de contextes où un(e) acteur/trice du changement fait face à une impasse perçue, malgré des actions rationnelles et professionnelles. La posture systémique invite alors à explorer autrement la situation, en réintégrant l’observateur/trice dans le système et en élargissant les points de vue.
Une situation typique pour le CMS
Une situation perçue comme bloquée et un ressenti d’inconfort chez l’acteur/trice du changement (sans doute partagé par d’autres).
Un acteur/trice du changement qui se positionne en observateur externe
Dans son récit de la situation, l’acteur/trice du changement du changement observe, objectivise, et ne s’inclut pas ou peu dans le récit.
Peut se tester par deux demandes :
– le titre que la personne donnerait à la situation (inclut-il la personne ?)
– dessin systémique ( l’acteur/trice du changement se représente-t-il/elle sur le dessin ? De quelle manière ?)
Un(e) coupable est désigné(e) (« porteur de symptôme » en jargon Palo-Alto), personne, équipe, BU, entreprise…
Le modèle “sad – bad – mad” peut être essayé ici : “je souffre” (sad), car l’autre est “incompétent ou idiot” (mad), “ou m’en veut personnellement, est soucieux de me nuire” (bad).
Le problème c’est donc l’autre qui ne veut pas changer et qui contrecarre les enjeux de changement de l’acteur/trice du changement.
Des interventions « logiques », « rationnelles », professionnelles de la part de l’acteur/trice du changement sont décrites …mais demeurent inefficaces
(sinon la situation ne serait plus un « problème »).
Accompagner à ce que l’intervenant(e) se repositionne relationnellement dans la situation
La démarche du CMS s’inspire de la cybernétique de 2ème ordre qui postule que l’observateur fait partie du système observé et l’influence, quoiqu’il/elle fasse.
En conséquence, le CMS vise à éclairer la participation même (et surtout) involontaire de l’intervenant(e) à la situation et à faire émerger des hypothèses sur sa co-responsabilité dans la situation (puisqu' »on ne peut pas ne pas communiquer »).
Le CMS permet ainsi de sortir de la logique du blâme, en éclairant comment chacun, y compris avec les meilleures intentions du monde, peut être contributeur d’un processus qui produit de l’immobilisme et de l’inconfort.
La notion de co-responsabilité
Il est important de préciser ici que co-responsabilité ne veut pas dire incompétence, erreur ou culpabilité de la part de l’intervenant(e).
Puisque le postulat est que j’influence le système, comment peut-être, malgré toute ma bonne volonté, mon professionnalisme, mon éthique, je peux l’influencer d’une manière involontaire qui maintienne ou empire la situation ?
Le déplacement du regard et la formulation d’hypothèses
Les 4C (4 quadrants) guident l’exploration de la situation et l’élargissement du point de vue initial pour s’intéresser aux processus et faire émerger des hypothèses et des options de changement.
Remarque importante, un postulat, issu du constructivisme, propose qu’il n’existe pas une vérité, mais des points de vue sur la même situation.
Les hypothèses formulées ne prétendent donc pas à La Vérité, mais cherchent à proposer des points de vue différents, cohérents avec les informations disponibles.
De manière à redonner du mouvement là où c’est bloqué (hypothèse : le point de vue unique contribue au blocage).
Une deuxième distinction importante se trouve entre hypothèse (ça serait possible que…) et interprétation (« voilà comment ça se passe »).
Conclusion
Le Carré Magique Systémique (CMS) est particulièrement pertinent lorsque les solutions habituelles n’aboutissent plus. Il invite à changer de posture : passer d’une analyse externe à une exploration inclusive, où l’acteur du changement se reconnaît comme partie prenante du système.
En élargissant les points de vue et en éclairant les contributions involontaires aux blocages, le CMS aide à sortir des impasses sans chercher de coupable. Il ne donne pas de réponse toute faite, mais ouvre un espace pour formuler de nouvelles hypothèses et retrouver de la marge de manœuvre.
Se former ou s’informer au regard systémique sur l’entreprise avec le CMS
Image par Gaby Stein de Pixabay
Christophe Keromen Transformation & Impact 