– Jusqu’où je peux aller en tant que que coach ?
Quand cette question déborde du mandat et pose un problème de choix…
…nous nous trouvons sans doute face à une question d’éthique.
#ethique#supervision
Le mardi 20 sept. 2022, la Rencontre de professionnalisation pour Superviseurs de l’EMCC s’est focalisée sur ces questions.
Trois cas bien tordus ont été proposés par les animateurs questionnant les 21 participant(e)s :
Que faites-vous alors pour superviser le coach ?
Mes points marquants sont listés dans cet article.
Différence entre déontologie et éthique ?
Michel Moral, MSc, PhD : la déontologie apporte une réponse toute faite. Pour une question d’éthique, il n’y a pas de réponse. Il faut travailler les enjeux et ouvrir sur une conversation d’élargissement. Michel insiste sur l’intérêt d’une représentation du système et des acteurs pour cela. (1)
Autre fondamental : résister à l’appel de l’émotion.
Le coach en difficulté amène à la superviseuse son émotion, sa difficulté à choisir. Il invite la superviseuse à le sauver (comme peut-être, processus parallèle, son client suscite chez lui la tentation du sauveur).
Malgré tout le poids émotionnel, la superviseuse garde en tête que son rôle n’est pas de résoudre le problème, de donner un conseil.
Elle doit éclairer la réflexion de son client pour qu’il soit en mesure de poser et d’assumer le meilleur choix pour lui dans la situation.
Pour cela, il convient d’explorer avec le coach les valeurs ou enjeux en opposition dans le système. Qu’est-ce qui est en jeu ? Quelles sont les limites ? Qui est responsable de quoi ?
Revenir au mandat
Autre fondamental, revenir au mandat, à l’objectif, ne pas hésiter à provoquer une nouvelle réunion tri ou quadri partite si le contexte a suffisamment évolué pour rendre caduque le contrat initial.
Exemple de situation où le N+1 a changé et le poste de la coachée a été supprimé ! De bonnes raisons de se revoir sans attendre la fin du coaching !
François BALTA insiste sur l’intérêt de mentionner la possibilité réciproque d’un tel recours dès la phase de contractualisation. (2)
Accueillir sans épouser
Affinage d’une posture délicate, la superviseuse doit accueillir l’émotion de son client, le soutenir, sans épouser son point de vue tout en le comprenant !
Retour aux fondamentaux :
– quel est l’objectif du coaching ? Attention à l’instrumentalisation
– discerner ce qui est objectif de ce qui est subjectif dans le récit du coach
Rompre l’isolement
Détecter le piège de toute personne en difficulté : l’isolement.
Quels sont les alliés ? A qui parler de la situation ?
Que dit le règlement de l’entreprise ? Quels sont les recours internes ?
Que dit la loi ? Qui peut-on contacter ?
NE RESTEZ PAS SEUL ET AGISSEZ POUR QUE LES PERSONNES ACCOMPAGNÉES NE RESTENT PAS SEULES
La tentation de l’héroïsme
Enfin, savoir renoncer à notre idéal de Don Quichotte ou de Jeanne d’Arc : ce n’est pas au coach de réparer les dysfonctionnements de l’entreprise : il ne fait pas le poids !
L’histoire de Jeanne finit mal : gare aux brulures…
Vous pouvez remplacer « la superviseuse » par « le superviseur », « le coach » par « la coach », mélanger, enfin comme vous voulez…
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(1) compétence 7 du superviseur EMCC : « être capable de reconnaître et de travailler avec la dynamique des systèmes humains. »
Vaste programme !
(2) François Balta
« prévoir éventuellement, en cas d’apparition d’un souci chez l’un ou chez l’autre des partenaires du contrat, une reprise de contact pour une nouvelle rencontre ensemble en cours du coaching. »
p97 L’autosupervision (2017)