Cela a commencé par une interrogation initiale de Couthaier Farfra sur l’évolution de la posture du coach agile :
« Nous ne pouvons plus être de « simple » Coach Agile qui gardent une posture « basse » et répondent à une question par une autre question ».
J’avais partagé quelques …questions dans un commentaire initial trop long, devenu un article rapide : Des modèles pour interroger une posture.
Suite des réflexions suscitées par le post de Couthaier Farfra avec un nouvel article très structuré de Luc Taesch : Voir les tensions dans les postures de coaching, annoncé sur le poste LinkedIn : https://www.linkedin.com/posts/luctaesch_voir-les-tensions-dans-les-postures-de-coaching-activity-6609095185274032128-q_bA
Plein de repères intéressants pour explorer son positionnement en tant qu’intervenant.
Il me semble que ça reste cependant auto-centré sur l’intervenant, sans interroger la demande. Or, une posture ça s’adopte à deux…
En tentant de partager cette idée, je me suis de nouveau laissé prendre au piège du commentaire trop long…D’où ce 2ème article.
Pour avoir déjà échangé avec Couthaier (en espérant ne pas trahir sa pensée), son questionnement de posture provient d’une évolution de la demande qu’il constate chez ses clients.
Je connais une grande banque qui assume vouloir engager des consultants et surtout pas ces « coach’agiles » indociles et inefficaces : intervenants bien plus en posture haute de sachant de ce qui est bon pour l’autre, qu’ils ne le revendiquent. D’où de fréquentes escalades symétriques des « coach’agiles » avec les autres acteurs en posture haute que sont les managers, les agents du changements, etc.
Quel est le mode de pensée activé chez le demandeur (sur « l’efficacité » par exemple) ? Quelle est la position perçue par l’entreprise du cycle de vie de sa transformation ? Se perçoit-elle dans une phase rassurante de déploiement (les solutions sont identifiées, normalisées) et non inconfortable d’exploration (où l’on accepte à contre-cœur de se poser des questions pour faire émerger des expérimentations) ?
Mode de pensée et perception influencés par les vendeurs de frameworks, puisqu’ils promeuvent une solution qui marche (cf. les nombreuses références de réussite, mais où sont les références des échecs ?) et qu’ils fabriquent à grands coups de certification des consultants-déployeurs-zélotes correspondants (j’ai testé le dispositif).
Rien n’étant plus complexe et tout redevenu compliqué (c ‘est le propre de l’usine à gaz), il est légitime de chercher des gens qui savent et qui assument de dire aux autres comment faire.
Michel Foucault disait un truc comme « La norme est porteuse d’une prétention de pouvoir » (Roland Gori : https://www.cairn.info/revue-connexions-2009-1-page-123.htm).
Si le réel résiste, cherchons les coupables, ce ne peut-être que la faute de ceux qui ont par essence accepté de l’être : les consultants/coaches, puisque leur rôle n’est pas de transformer, mais d’être responsable en cas de problème d’écart à la norme (d’où l’importance des indicateurs).
Michael White et l’expérience kathartique
Je laisse l’éventuel lecteur persévérant tisser des liens (ou pas) avec ce bel extrait de Michael White dans son livre « Carte des pratiques narratives ».
« Une expérience est dite kathartique si elle nous remue — nous remue, pas seulement en terme d’expérience émotionnelle, mais au sens d’être transporté vers un autre lieu dans lequel on peut :
- Parvenir à une nouvelle perspective sur sa vie et son identité
- Se réengager sur des aspects négligés de sa propre histoire
- Se reconnecter avec des valeurs et des buts de vie révérés
- Donner de nouvelles significations aux expérience de sa propre vie qui jusqu’à présent n’étaient pas comprises
- Se familiariser avec des savoirs et des compétences de vie dont jusqu’à présent on était à peine conscient
- Faire des pas dans sa vie qui autrement n’auraient jamais été pris en considération
- Penser au-delà de ce que l’on pense d’habitude«
L’HOMÉOSTASIE : PROBLÈME OU RESSOURCE ?
Et je propose en résonance (autre concept fort utilisé en approche systémique et narrative) des extraits d’un autre texte écrit par François Balta, systémicien de traverse (c’est moi qui rajoute ce qualificatif) sur l’accompagnement de l’homéostasie :
« Le problème que peuvent poser des stratégies d’augmentation de la tension, si elles n’arrivent pas à un résultat rapide, comme un sparadrap qu’on arracherait d’un coup ne laissant, par la surprise, que peu de temps à l’appréhension et à la douleur, c’est de favoriser au contraire les crispations, les raidissements, les peurs, et, du même coup, le non changement, une homéostasie-problème. »
Scrum, Kanban me paraissent par exemple pouvoir constituer des stratégies d’augmentation de la tension. Balta poursuit :
« (…) soutenir une homéostasie-solution respectueuse des besoins et des peurs, des savoirs et des ignorances, des alliances et des possibles trahisons, des contradictions entre les personnes et en chacune de ses personnes. C’est, à partir d’un effort de compréhension de cette complexité soutenir la co-construction coopérative d’une homéostasie nouvelle, instruite par la crise qui la rend nécessaire.
L’accompagnant alors devient lui-même, dans cette recherche difficile, un élément de cette systémique coopérative…«
Entrez dans la danse…
Image des danseurs : https://unsplash.com/photos/8YVaEljM-9I
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