Le beau est un doit moral

« La préoccupation esthétique doit aussi être un impératif éthique, une catégorie morale pleinement reconnue, car elle concerne chacun dans l’univers du travail.
Le beau est un droit moral »
(p. 145)

Je vous recommande la lecture du livre de Jean-Philippe Bouilloud, « Pouvoir faire un beau travail« .

Il y traite brillamment de la souffrance esthétique au travail et de son effet sur le bien-être professionnel et de l’impact de la rationalisation sur la satisfaction esthétique.

Quelques extraits pour vous donner envie d’aller au-delà des discours convenus sur la Qualité de Vie au Travail (QVT)…

« L’oubli du beau, voire son interdiction, nous rend tous complices d’une trahison généralisée, où les produits ne sont jamais ce qu’ils prétendent être (ni ce qu’ils ont longtemps été), les services s’avèrent moins efficaces qu’annoncés (dépannage sur Internet, assurances, etc.). (…) »

Travail empêché : impact sur la satisfaction esthétique au travail

« Mais il y a aussi une véritable souffrance esthétique dans l’empêchement de ce beau travail.(…)
Dans le contexte des entreprises, ou de certaines institutions comme les hôpitaux ou les maisons de retraite, le temps apparaît comme un “enjeu du beau”. Les formes de “travail empêché” par la rationalisation du travail et l’augmentation des cadences s’inscrivent dans un rapport au temps de plus en plus “accéléré” (Rosa, 2010). »

Le Temps de « bien faire »

Or, le temps du beau travail est celui où on prend le temps de bien faire — il y a pour chacun un rythme propre au “beau travail”, qu’il ne faut ni bousculer ni enfreindre, au risque de dégrader non seulement le travail lui-même et son résultat, mais aussi le rapport qu’entretient l’individu avec ce qu’il fait.
La souffrance esthétique est déjà, très souvent, une souffrance par rapport au temps — temps manquant, temps pressé, temps laminé ou haché — et dans laquelle l’individu a le sentiment en permanence d’évoluer sur des “pentes qui s’éboulent” (Rosa, 2010, p. 147), et donc que son action est à la fois fatigante et insatisfaisante car inaboutie. »

📕 Jean-Philippe Bouilloud, « Pouvoir faire un beau travail »

Peu abordé dans les réflexions sur le stress, la Qualité de Vie au Travail, la dimension esthétique du travail est ici remise en lumière par ce précieux livre.

A lire pour mieux prendre en compte une souffrance méconnue…


Citation extraite de « Accélération. Une critique sociale du temps » – Hartmut Rosa Traduction Didier Renault Paris, La Découverte, coll. « Théorie critique », 2013, 480 pages ISBN : 978-2-7071-7709-4
cf. https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2014-3-page-78.htm

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