Comment vous savez ce que vous savez ?

Je vous invite à prendre de quoi noter…

Sur les 10 propositions suivantes :

#1 La communication non verbale prime : formule 7%-38%-55% de Albert Mehrabian

#2 L’hémisphère gauche est caractérisé par un traitement analytique, logique, verbal, rationnel de l’information ; vice versa, l’hémisphère droit a pour rôle d’assurer la pensée intuitive, holistique ou synthétique, visuo-spatiale, émotionnelle, créative

#3 Les gens se souviennent de 10 % de ce qu’ils lisent, 20 % de ce qu’ils voient, 30 % de ce qu’ils entendent, etc. (Cone de Dale)

#4 Nous avons des préférences d’apprentissage : visuel, auditif et kinesthésique

#5 Les émotions sont innées et universelles et peuvent être mesurés de manière cohérente

#6 W. Edwards Deming a dit« If You Can’t Measure It, You Can’t Manage It »

#7 Les esquimaux ont plus d’une centaine de manière de nommer la neige, texture, aquosité…

#8 La « colère » est un concept culturel. Il n’existe pas d’expression faciale unique qui lui soit associée de manière fiable, même chez une même personne.

#9 Les surdoués sont souvent émotionnellement instables (hypersensibles, anxieux, dépressifs, stressés…)

#10 Nous utilisons seulement 10 % des capacités de notre cerveau

Selon vous lesquelles sont vraies ? Lesquelles sont fausses ? (choix multiples possibles)

C’est la question que j’ai posée en introduction de la session de mai 2024 du meetup “Réflexivité pour les acteurs du changement”.

Tou(te)s les participant(e)s se sont trompé(e)s ! 

les réponses des participant(e)s

La seule réponse que je propose comme « Vraie » est…la 8 que personne n’a retenue !

Les réponses sont documentées dans l’annexe à cet article “Comment vous savez ce que vous savez ? – Annexe”.
Autres exemples non couverts ici : niveaux de Tuckman (équipe), courbe Kübler-Ross pour le changement en entreprise, pyramide de Maslow en entreprise…

Je vous propose la même interrogation que j’ai partagée) avec les participant(e)s :

Des idées pour chasser les farfadets ?

C’est le titre du livre de Laurent Bossavit « The Leprechauns of Software Engineering » sous-titré : « comment le folklore se transforme en réalité et comment y remédier ? »

Laurent Bossavit en 2012 dans une conférence sur les farfadets

Remplacez dans le texte ci-dessous « concepteur de logiciels » par « coach », « formateur », « manager », « coach agile »,…

« La profession de concepteur de logiciels est confrontée à un problème largement reconnu, mais pour lequel personne ne semble disposé à faire quoi que ce soit. Il s’agit d’une variante du célèbre « jeu du téléphone », où une rumeur banale est répétée d’une personne à l’autre jusqu’à ce qu’elle soit déformée au point d’en devenir méconnaissable et qu’elle prenne des proportions démesurées. Malheureusement, les objets de ce jeu téléphonique sont généralement considérés comme des vérités fondamentales de la discipline, au point que leur acceptation semble désormais empêcher tout progrès. »

Laurent Bossavit

Une question communautaire

Nous, professionnels de l’accompagnement, sommes avides de connaissances, de modèles, d’outils. Nous enchaînons souvent formations, webinaires, lectures de livres, d’articles,…

Comment faisons-nous le tri dans les informations que nous recueillons ?
Comment nous assurons-nous que ce que nous recevons et transmettons est valable ?

Nos communautés (de coachs, “coach agile”, formateurs…) constituent de formidables caisses de résonance du folklore des croyances qui tournent en boucles non questionnées. 

L’un des exemples les plus bruyants étant celui des pourcentages attribués à Albert Mehrabian  :
”#1 La communication non verbale prime : formule 7%-38%-55% de Albert Mehrabian”
Question 1 ci-dessus, et donc, oui c’est faux ! Voir mon article à ce sujet.

Cela contribue à entretenir une renommée Funèste (c-à-d vilipendée par Julia de Funès, oracle auto-proclamée de la science managériale) au sujet de nos professions. Ce qui est regrettable…et qui lui fait en plus gagner de l’argent, ce qui devient honteux.

Comment pouvons-nous encourager un esprit critique et exigeant au sein de nos professions ?

A cet égard, corrigez-moi si je me trompe :

Comment ça se fait ?

“Ce qui est simple est faux.
Mais ce qui est compliqué est inutilisable”.
—Paul Valery

Nous n’échappons pas aux tensions qui se manifestent quand nous cherchons à intervenir sur un monde dont la complexité nous dépasse…

BesoinsMais…
simplifier le complexe
le complexe reste complexe !
modéliser le complexevalidité de nos modèles ?
intervention rapide et peu coûteuseformation, réflexivité
commerce, influenceéthique, responsabilité

oui, on sait que c’est faux, mais c’est pédagogique, les gens ont besoin de choses simples.

Je peux être plutôt d’accord, comme le disait le statisticien Georges Box “Tous les modèles sont faux, mais certains sont utiles”

Il y a cependant une différence entre utiliser un modèle pour simplifier et croire/prétendre/transmettre en connaissance de cause que ce modèle est « vrai ».

A minima, mentionner explicitement que les modèles présentés sont des simplifications à des fins pédagogiques, et indiquer comment et où trouver des informations peut-être plus exigeantes, et aussi plus fiables…

A conserver en mémoire ce pertinent conseil d’Arthur Schopenhauer :

“Ne combattez l’opinion de personne ; 
songez que, si l’on voulait dissuader les gens de toutes les absurdités auxquelles ils croient, on n’en aurait pas fini, quand on atteindrait l’âge de Mathusalem.”

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