Laurent Testotomatix et Alex Bougetépostix (crédit photo : Fabrice Aimetti)
Un cadre verdoyant, hors de la frénésie
Les jeudi 24 et vendredi 25 mai avait lieu à Paris Agile France (ex. XP Days), la réunion annuelle de la communauté agile dans le cadre verdoyant du chalet jaune du bois de Vincennes.
Pas de photo perso
En commençant la rédaction de cette note dans le TGV, je me suis aperçu que je n’avais pas pris de photo lors de ces deux journées : il faisait trop chaud, trop d’activités et heu… oublié ! J’ai donc pioché dans ma revue de tweets (#agilefrance) pour illustrer cet article.
Merci aux différents auteurs 🙂
Quelques photos sur Flicker.
N’a pas fait le plein
Agile France souffre-t-elle du succès de ScrumDay ?
Alors que la réunion du french Scrum User Group sur une journée fait le plein avec un prix d’entrée modique, le tarif des deux jours d’AgileFrance a-t-il dissuadé certains ? En tout cas, malgré des promos de dernière minute, il restait encore des places le matin. Gobalement les six tracks proposés en parallèle n’affichaient pas complets.
Au fil des discussions avec les agilistes, malgré leur impressionant activisme (un tel repartait pour Grenoble après une session, un autre enchaîne avec un startup weekend) et leur engagement (j’en connais plusieurs qui prennent sur leurs congés), face à la multiplication des événements sur toute la France, même les plus motivés se résignent à choisir parmi les conférences.
Néanmoins, admiration pour cette brillante communauté où, au fil des manifestations, les chantres de l’amélioration continue s’appliquent cette démarche et déouvrent de nouvelles pratiques.
Une suggestion aux organisateurs : il serait intéressant d’avoir un peu d’information en direct : combien sommes-nous ? Qui sommes-nous ? Intéressant aussi dans le programme imprimé d’avoir comme sur le programme en ligne compte twitter et site web des orateurs ou animateurs.
C’est d’illeurs muni du programme remis à l’entrée que je vais regrouper de manière subjective différentes sessions qui me font sens, mais auxquelles je n’ai pas forcément assisté : six tracks en parallèle, ça génère de la frustration !
En couvrant la diversité des sujets abordés, j’espère susciter de l’envie chez ceux qui n’ont jamais assisté à un événement de ce type … Vous pouvez retrouver la description de toutes les sessions sur le site Agile France.
Maturité de la communauté
Délaissant la posture de l’Agilité magique « universelle panacée-éhé », la communauté n’hésite plus à aborder l’échec :
Ainsi de l’Apologie du mur d’Axel Villechalane (@axel1258).
Opportunité de l’échec comme source d’apprentissage représente une préoccupation communeavec la session Echouer avec agilité que nous avons animée avec Dominique de Prémorel à la même heure qu’Axel (!) .
Quelques heures plus tard, Pascal Grange et Luc Mazardo se lançaient quant à eux dans la chasse aux faux semblants : pourquoi tout ne fonctionne-t-il pas comme sur des roulettes ? Allant même jusqu’à poser la question iconoclaste : « L’agilité nous a-t-elle permis de réussir nos projets ? ». Je ne peux que souscrire entièrement à leur questionnement fondamental « Pourquoi fait-on les choses ? ».
Les leaders montrent également la voie en osant affronter et mettre en jeu leurs contradictions. Saluons avec respect le culot d’Alexandre Boutin (@agilex) et Laurent Bossavit (@morendil) mettant en scène lors de la keynote : le combat des chefs .
Et je ne parle pas ici du fait de se déguiser en gaulois, mais d’oser aborder de vértiables divergences qui alimentent et parfois animent les discussions entre agilistes.
Dommage, à 9h, tout le monde n’était pas encore arrivé pour assister à l’échange de baffes (amicales) entre Laurent Testotomatix et Alex Bougetépostix.
Le reste du village contribue à cette introspection, comme dans notre atelier Les sujets qui fâchent où les participants expérimentent le difficile exercice de passer successivement de promoteur à détracteur de l’agilité. Grand remerciement aux participants pour avoir joué le jeu et mention sépciale à Laurent Bossavit pour avoir accepté au pied levé de nous faire bénéficier de sa remarquable analyse dans la posture du juge Ti.
Fil rouge d’interrogation lors des différentes manifestations, la problématique du « contrat agile » est abordée par Gilles Mantel et Hugo Geissmann dans « Le contrat agile, retour d’expérience« . Xebia a publié en open-source un contrat agile. Cette session était l’occasion d’un REX à ce sujet.
Approfondissement
Retours d’expérience, réflexions alimentent de riches approfondissements des différents rôles.
Gabriel le Van dans « Le manager agile : Hors de la zone de confort » interroge le manager sur les valeurs et les risques nécessaires à la gestion du changement qu’implique l’introduction de l’agilité dans les équipes. Interrogation sur le management à rapprocher de la session de Julien Reyneau Ça va la température ? » la culture du feed-back !
Dorothée Le Seac’h (vive l’Ouest Agile !) insiste sur le changement de paradigme nécessaire pour le PO : Devenir Product Owner, c’est changer de paradigme. D’ailleurs, « changer de paradigme » revient en leit-motiv dans les conversations agiles… au risque de devenir une banalité ?
L’omniprésent (3 sessions), quoique difficilement mémorisable, Pascal Van Cauwenberghe anime des ateliers incontournables dont l’un sur les user Stories (Maman, d’où viennent les User Stories ?).
Si certains doutent encore que l’Agilité puisse s’appliquer aux gros projets, chaque conférence permet de bénéficier de retours d’expériences repoussant les limites. Ainsi d’Assurez la polycompéténce dans vos équipes » de Damien Thouvenin et Pierrick Revol ou de Comment nous avons initié notre transition agile à grande échelle ? par Clémo Charnay et Céline Stauder.
A l’autre bout de l’échelle, Etienne Charignon, dont j’avais suivi le quicky lors du Scrum Day 2012, s’interroge avec justesse dans Scrum Solo sur la pertinence de Scrum pour un développeur unique.
Débordant le cadre du simple projet, Caroline Damour-Nobi s’attaque à la gestion de protefeuille de projets avec « Portfolio agile : de la visibilité au pilotage« .
Métriques et KPIs ne rebutent pas Thomas Lissajoux qui affronte le sujet complexe de la mesure de la performance dans « Contrôlez-vous ce que vous mesurez ?«
Correctif soumis par Emilie (2012-05-30) : suite à un empêchement de Thomas, c’est Jonathan Scher qui a pris le relais et nous a donné des pistes de questions pour « mesurer » son agilité (fréquence de livraison, délai de mise à dispo de fonctionnalité, fréquence de contact avec les utilisateurs…).
Au-delà d’Agile/Scrum ?
Lean et Kanban se sont installés et semblent avoir passé le seuil des promoteurs (@lmorisseau), voire des early adopters.
(Re-vive l’Ouest Agile !)
La dream team Laurent Morisseau-Dimitri Baeli-Guillaume Lours animait un atelier Challenge atelier Kanban de découverte de Kanban d’une manière ludique par la pratique.
Certain(e)s paraissent avoir intégré profondément le concept, au hasard Émilie (@EFranchomme) 🙂
(Et je donnerai pas les noms de ceux/celles qui envisagent de transformer la liste au père noël de leurs enfants en product backlog priorisé)
Des retours d’expérience associent Scrum et Kanban : « Scrumban » comme dans Kanbanisation in Progress de Guillaume Anciaux et Thierry Montulé (@siamha). On ne peut que regretter que le format d’une demi-heure n’ait pas permis, une fois posé le contexte, d’approfondir la mise en oeuvre. Sur le même thème : de Scrum vers Kanban, ou comment gérer de manière agile une équipe transverse par Thomas Bonset.
Un atelier artistes et spécifieurs orienté Lean :
Expérimentation de l’amélioration continue pilotée par Régis Medina dans l’atelier « Satisfaire complètement ses utilisateurs avec le Software Kainzen« . Et si au bout de 2h d’atelier, vous en voulez encore, restez dans la salle : Régis enchaîne les retours d’expérience impromptus avec conviction et simplicité.
Le développeur n’est pas oublié
L’inénarrable duo Emmanuel Gaillot – Jonathan Perret propose dans leur session parlez-vous Vim ? de s’initier à vim comme expérience d’apprentissage accéléré (agile ?) d’une langue étrangère : http://www.languagehunters.org/.
Le tandem se lâche enore plus dans Mon binôme m’a tuer ou comment foirer son pair-programming en dix leçons !
Dans Agiliste, es-tu un hacker ? Olivier Inizan s’interroge quant à lui sur la convergence entre les valeurs des agilistes (Deliver working software frequently) et celles des hackers (I release early and often. Eric Raymond, The cathedral and the Bazaard).
Jean-Laurent de Morlhon et Simon Caplette encadrent le développement agile d’une CoffeeMachine : CoffeeMachine CodeMash.
La problématique des tests est très présente.
Pierre-Yves Jair couvre les tests fonctionnels avec Selenium (Allons plus loin avec Selenium).
Pierre-Yves Hemery s’intéresse aux « Outils de test pour .Net ».
Les jeux sont incontournables
Dans Les opticiens conseils vous font retrouver la vision en jouant ! Nathaniel Richand et Gilles Mantel proposent d’expérimenter plusieurs innovation games afin de définir la vision du projet.
Ajout 2012-09-18 : se reporter à l’article de Sébastien Ménétrier « Les Serious Games, une tendance à prendre au sérieux »
Confusion croissante entre SCRUM et Agilité
Petit titillement : la confusion que l’on entretient de l’équivalence entre SCRUM et agilité. Nombre de sessions pré-supposent une connaissance de Scrum ou s’y réfèrent comme modèle (vocabulaire, rôles, etc.)
Ex. dans la session sur les démos (par ailleurs très intéressante !) d’Emilie Franchomme et Caroline Damour-Nobi des mots, des maux, Démo !
En abordant ce sujet avec certains, une explication simple apparaît : de plus en plus d’agilistes de dernière génération ont découvert l’agilité au travers de Scrum.
Aussi des initiatives comme « Jeet Kune Do de l’agilité : quelle agilité choisir » me paraissent hautement enncourageables : « Scrum n’est pas la réponse universelle à toutes les problématiques, et le Kanban ne peut pas être mis en place sur tous les projets. Faut-il abandonner l’Agilité pour autant ? »
Préparer les étapes Agile Tour !
Les conférences agile constituent également pour les organisateurs des étapes d’Agile Tour un espace de repérage des futurs orateurs, n’est-ce pas Cécilia ?
Fin de l’histoire : le banquet gaulois
Si personne n’a joué le rôle d’Assurancetourix, notre barde, le banquet du jeudi soir fut cependant fort agréable aux lumières du soleil couchant sur le lac de Vincennes : moment privilégié !
Remise du couvert sous les arbres le lendemain midi
Et avec les convives du village.
Fatigués, mais heureux, c’est ce qui ressort de la plupart des tweets de retour !